Aziza Brahim, femme de parole
Le désert a ses frissons et nulle mieux qu’Aziza Brahim,
poétesse et chanteuse sahraouie née dans un camp de réfugiés, ne sait
les provoquer. Qu’on en juge à partir des premières paroles de Gdeim Izik,
évocation sans fards des affrontements ayant opposé, en 2010, à
Laâyoune, des manifestants sahraouis aux forces de police marocaines :
“J’ai été témoin de l’horreur et de la torture / dont les voix vous
accusent / J’ai vu les jeunes victimes / Dans vos prison funèbres.” Femme de parole, Aziza Brahim sait toujours magnifier avec précision sa révolte et ses émotions intimes. Dans Soutak,
la dureté des mots s’allie ainsi à la clarté de la mélopée, bercée par
des mélodies aux accents blues, maliens et espagnols plus souvent
qu’arabes. Discrètement accompagnée, Aziza fait passer un souffle de
liberté, de dignité et d’intelligence dans chacune des chansons qui le
composent.
les musiques
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